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Temples khmer du Cambodge/5Quelques temples de la province de Siem Reap

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Cette contribution comporte les 5 articles suivants :

– Les origines de l’Empire khmer : bref historique ;

– Monarchie, art et architecture : périodisation de l’histoire des Khmer ;

– Quelques temples de la province de Takeo (Sud-Ouest) ;

– Quelques temples des provinces de Kampong Thom et Preah Vihear ;

– Quelques temples de la province de Siem Reap.


Quelques temples de la province de Siem Reap

Beng Mealea

Temple à l’aspect chaotique, où les arbres poussent sur les tours effondrées, les racines et lianes enlacent les constructions, Beng Maelea se dresse à 60 km à l’Est d’Angkor, sur une surface équivalente à celle d’Angkor dont il rappelle le plan rectangulaire. On compte trois enceintes avec quatre avenues d’accès munies de balustrades à naga, l’orientation est tournée vers l’Est ; la tour centrale est effondrée, il y a un grand nombre de galeries interconnectées et le tout est entouré de larges douves.

Le jeu des blocs de grès bleuté et du monde végétal omniprésent crée un univers fascinant en pleine jungle.

Faute d’inscriptions, l’origine du temple est inconnue mais son style le classe au XIIe siècle, sous le règne du roi Suryavarman.

Contrairement à Angkor, Beng Mealea ne présente pas de panneaux avec bas-reliefs narratifs et on n’y a pas trouvé de sculptures ; il y a toutefois des décorations surtout de caractère hindouiste.

Sur le côté Sud on remarque deux bâtiments appelés annexes ou palaces qui sont décorés de linteaux et frontons inspirés du Ramayana.

Le temple se trouve à 7 km des carrières de grès de Phnom Kulen d’où partait un canal permettant le transport des blocs taillés vers Angkor.

Beng Mealea est situé sur la route royale (cf. art. Temples khmer du Cambodge/2) reliant Angkor à Koh Ker et Preah Vihear, à la bifurcation menant au temple de Prasat Bakan (Preah Khan de Kampong Svay).

Le site a été et est encore abondamment pillé (cf. art. Temples khmer du Cambodge/4), à l’exemple d’un visage d’apsara vandalisé entre mars 2006 et février 2007.



Angkor Thom

C’est un ensemble de constructions réalisées fin XII-début XIIIe sous le roi Jayavarman VII. L’ensemble est basé sur un carré de 3 km de côté, avec un rempart entouré de douves franchies par des ponts bordés de statues. Ces ponts mènent à quatre portes ouvertes sur les côtés des remparts, surmontées de tours à quatre visages représentant des divinités hindouistes ou bouddhiques. Une cinquième porte, appelée porte de la Victoire, est située sur le côté Est, en correspondance avec la construction dite Terrasse des éléphants.

La porte d’accès Sud est précédée d’un pont où 54 asura (êtres démoniaques de l’hindouisme) portent le roi Naga (serpent mythique de l’hindouisme, à trois ou cinq têtes).

A l’intérieur d’Angkor Thom se trouvent plusieurs constructions (cf. art. Temples khmer du Cambodge/2) :

– au centre, le temple Bayon, avec ses tours à quatre visages de divinités, en trois postures : yeux ouverts, mi-clos ou fermés ;

– le grand temple-montagne Baphuon, construit vers 1060 par le roi Ydaydityavarman à la gloire de Shiva, avec son grand Bouddha couché ;

– la Terrasse des éléphants, avec sa longue frise sculptée présentant un défilé d’éléphants ;

– la Terrasse du roi lépreux, avec sa statue représentant un roi dit « lépreux » ;

– le Phimeanaka, construit à la fin du Xe siècle sous le roi Rajendravarman, qui est une pyramide à trois niveaux ;

– les deux édifices dits Khleang Nord et Sud, dont on ignore la fonction ;

– enfin, le baray (étang) Sras Srei, réservé au roi.

Angkor Thom représente un bel exemple de syncrétisme entre art bouddhiste et hindouiste.

De même que de nombreux temples khmer, Angkor Thom bénéficiait d’un système hydraulique perfectionné basé sur des baray et canaux.


Bayon

Construit au début du XIIIe siècle sous Jayavarman VII – 100 ans après Angkor Vat – comme temple central d’Angkor Thom, le temple du Bayon a été consacré à Bouddha ; ce n’est qu’aux environs de 1350 qu’il a été converti à l‘hindouisme.

Ce temple se distingue par la présence de nombreuses tours à 4 visages, tournés vers les quatre points cardinaux. On suppose que  ces visage, dont certains représentent le bodhisattva Avalokitesvara, signifient à la fois la bienveillance et la protection des dieux sur l’univers tout entier, et l’omniprésence et la puissance royales.

Le temple est bâti sur trois niveaux, le premier et le deuxième consacrés à 1200 m de murs recouverts de bas-reliefs et le troisième à la tour centrale à rayonnement circulaire, entourée de huit tours secondaires. Un ensemble de galeries, passages et marches contribuent à rendre indistincts les niveaux.

L’enceinte extérieure du monument, assez exiguë, ne mesure que 150 mètres de côté.

La décoration des galeries est basée sur un ensemble de bas-reliefs rappelant les guerres consécutives à la reconquête du pays par Jayavarman VII, après la prise d’Angkor par les Cham. Une partie des bas-reliefs montre des scènes de la vie quotidienne – marché, combats de coqs, chasse, pêche, etc.

Les scènes sont taillées plus profondément qu’à Angkor Vat tout en étant moins stylisées.

On voit fréquemment des apsara dansant, souvent par groupes de trois, sur un lit de lotus.



Angkor Vat

On ignore le nom porté par ce temple lors de sa fondation par Suryavarman II, au début du XIIe siècle, qui en fit sa capitale et son temple d’Etat. Le nom Angkor Vat n’est entré dans l’usage qu’au XVIe siècle. Construit sur un tertre artificiel, orienté à l’Ouest, ce temple était consacré à Vishnu ; il fut converti au bouddhisme au XIVe ou XVe siècle. Depuis sa fondation, il est resté un centre de culte jusqu’à nos jours.

Angkor Vat est l’archétype de l’architecture khmer classique et réunit en lui le modèle du temple-montagne et du temple-galerie.

Situé à 8 km au Nord de Siem Reap, entouré de douves, ceint d’un mur extérieur de 3,6 km de long, le temple comprend à l’intérieur trois galeries et au centre, une tour principale avec quatre tours secondaires disposées en quinconce.

Les bas-reliefs, joliment stylisés, sont très nombreux : sculptés sur du grès, ils reproduisent des dieux, des animaux, des scènes historiques, des légendes (épopée indienne Mahabharata), des décorations florales, des danseuses divines (apsara).

Angkor Vat fait partie d’un important système hydraulique basé sur des bassins, des digues, des réservoirs (baray) et des canaux qui assuraient l’approvisionnement en eau pour la ville et  la campagne.

La ville a été conquise et ravagée par les Cham en 1177; c’est le roi Jayavarman VII qui restaura l’Empire khmer et construisit sa nouvelle capitale (Angkor Thom) et son nouveau temple d’Etat (le Bayon) plus au Nord.

Angkor Vat, « redécouvert » au XIXe siècle, a été restauré au XXe, puis abondamment pillé dans les années 1960-80; il fait actuellement l’objet d’importants travaux d’entretien et de remise en état. 

Symbole national de premier ordre, le temple figure sur le drapeau du Cambodge; il est devenu, de nos jours, une attraction touristique majeure.



 


 

Cosimo Nocera est historien et guide du Musée national de Bangkok. Il a vécu et travaillé en Italie, Suisse et en Amérique andine (Pérou, Equateur et Bolivie). Après un long séjour en Asie du Sud-Est, il vit actuellement en Suisse française.

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