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Syrie : Chrétiens et ChristianismeLe christianisme est présent en Syrie depuis ses origines

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Articles sur Syrie/Liban

Ce thème comprend les articles suivants :

– Syrie : brève histoire

– Syrie : les gens

– Syrie : Chrétiens et Christianisme

– Syrie : monastères et lieux de culte chrétiens/1

– Syrie : monastères et lieux de culte chrétiens/2

– Syrie/Liban : traces de civilisations anciennes/1

– Syrie/Liban : traces de civilisations anciennes/2

– Syrie : promenade entre mer, montagne et désert

– Syrie : Kfarbou, regards sur une communauté chrétienne


Brève histoire des Chrétiens d’Orient

La chrétienté d’Orient marque le début de la chrétienté, émanant de l’évangélisation des apôtres et de la prédication des premiers disciples du Christ ; c’est elle qui a mis en place les huit premiers conciles (cf. carte « Christianisme I-IIIe s. »).

A la naissance du christianisme, le Proche-Orient faisait partie de l’Empire romain, païen jusqu’au début du IVe siècle. La diffusion du christianisme est due aux douze apôtres, aux septante disciples du Christ, aux ministres (diakonos) choisis par eux et à une foule de prédicateurs, d’où émerge Saul de Tarse, devenu Paul après sa conversion; c’est lui qui a séparé les chrétiens des juifs et qui a contribué à évangéliser le Proche-Orient, la Grèce et l’Italie (cf. carte « Voyages de St. Paul »). Vers l’an 100, le Proche-Orient est couvert de communautés chrétiennes, mais dans la seconde partie du IIIe s. et au début du IVe s. l’expansion des chrétiens rencontre une hostilité romaine soudain renforcée, jusqu’à l’avènement de l’empereur Constantin qui, en 313, par l’Edit de Milan, proclame la liberté de culte. A noter qu’en Arménie, le christianisme était déjà devenu religion d’Etat en 301. En Orient, les villes d’Antioche (de nos jours Antakya), Alexandrie, Le Caire, Jérusalem et Constantinople jouèrent un rôle important dans la consolidation du christianisme.

Née en Egypte au IIIe s., une importante culture monastique caractérise les églises d’Orient (cf. carte « Naissance du monachisme au IIIe s. »). Elle s’implantera partout, en Syrie et Palestine d’abord, puis en Mésopotamie, Cappadoce, à Constantinople ; les nombreux déserts facilitent le choix des candidats au monachisme, désireux de s’isoler du monde. Cette culture prit de l’importance du fait de l’organisation de ces églises chrétiennes, nombreuses et moins soumises à une direction hiérarchique centralisée de type romain. La Syrie fait aussi partie des pays où les monastères prirent et gardent toujours une grande importance.

Dès le IVe s. le siège du pouvoir se déplace vers le Sud-Est : Rome est remplacée par Constantinople, où se trouve l’empereur.

Par conséquent, l’ancien empire romain se divise horizontalement : l’Empire d’Occident est occupé par les « Barbares », l’Empire d’Orient s’hellénise et devient l’Empire byzantin (cf. carte « Division de l’Empires romain en 395 »).

Peu après l’officialisation du christianisme par l’empereur Constantin des scismes se firent jour au sein du christianisme d’Orient, basés sur le dogme et la liturgie; les principales divergences doctrinales portèrent sur la nature du Christ.

Les responsables espérèrent résoudre ces problèmes en convoquant des conciles. Le premier concile oecuménique chrétien se tint à Nicée, en 325 : il condamna l’hérésie arianiste 1/ et édicta vingt règles de conduite de l’église. Le concile de Constantinople, de 381, poursuivit la réflexion commencée en 325 et proclama que l’évêque de la ville occupait le premier rang après celui de Rome, Constantinople étant la nouvelle Rome. On voit apparaître ici les prémices de la querelle qui, en 1054, conduira à la séparation de l’église orthodoxe de l’église catholique.

Le concile d’Ephèse, en 425, condamna l‘hérésie nestorienne 2/  et proclama l’union de deux natures – physique et divine – dans la personne du Christ. A la suite de ce concile quelques églises, appelées Anciennes Eglises d’Orient, refusèrent la condamnation du nestorianisme et se séparèrent des autres. Le concile de Chalcédoine, en 451, condamna l’hérésie monophysite 3/, émit une profession de foi et confirma la primauté de Constantinople après Rome, ce dernier point étant contesté par le pape de Rome.

A l’issue de ce concile un certain nombre d’églises dites monophysites ou antéchalcédoniennes,  rejetèrent ses décisions et conduisirent ainsi au deuxième schisme chrétien.

L’église maronite, quant à elle, se soumit à celle de Rome en 1182, lors des croisades, tout en gardant sa liturgie.

Depuis longtemps, l’Eglise chrétienne d’Orient se présente donc sous la forme d’une mosaïque de rites différents, chez lesquels l’oecuménisme n’a fait son apparition qu’à une époque récente (cf. document « Evolution du christianisme »).

Les vicissitudes de l’histoire ont eu pour conséquence, tout au long des années, une forte émigration des chrétiens, qui de nos jours constituent chez certaines églises une diaspora numériquement supérieure au nombre de fidèles restés au pays.

En résumé, on distingue quatre groupes de communautés issues des mêmes divisions historiques et religieuses :

les Anciennes Eglises d’Orient, qui se sont séparées du tronc commun après les deux premiers conciles; elles comprennent l’Eglise assyrienne de l’Orient, l’Ancienne Eglise de l’Orient et l’Eglise chaldéenne catholique; les Monophysites, qui ont refusé les dogmes du Concile de Chalcédoine et de l’Eglise de Constantinople et qui comprennent les coptes, les syriaco-jacobites, les arméniens et l’Eglise d’Ethiopie; les Chalcédoniens, fidèles aux décisions du concile du même nom, qui comprennent l’Eglise grecque ou Melkite, les églises orthodoxes, l’église catholique et l’église protestante; enfin l’Eglise maronite, fidèle à celle de Rome.

Le schisme de 1054 entre les églises romaine et grecque eut pour conséquence la séparation de chacune des églises proche-orientales en une fraction catholique et une fraction orthodoxe.

La naissance et le développement de l’islam à partir de la péninsule arabique (cf. carte « Monde musulman VI-VIII s. ») verra la population chrétienne passer en quelques années de majoritaire à minoritaire. En 571, lors de la naissance du prophète Mohammed, le Proche-Orient était très majoritairement juif et chrétien : en 636, à la veille de l’invasion de la Syrie par les Arabes, les habitants de l’Empire romain d’Orient, devenu l’Empire byzantin hellénisé, étaient surtout non musulmans : paysans sédentaires de diverses origines, classes plus ou moins aisées des villes à culture gréco-romaine également de diverses origines, juifs, commerçants phéniciens, etc. Moins d’un siècle plus tard, le nombre des juifs et des chrétiens était dépassé par celui des musulmans.


1/Selon l’évêque Arianus, l’arianisme dit que si Dieu est divin, son Fils est d’abord humain, disposant toutefois d’une part de divinité.

2/L’évêque Nestor affirmait que deux natures, l’une divine, l’autre humaine, coexistent dans le Christ.

3/Deux ecclésiastiques, Eutychès et Dioscore d’Alexandrie, affirmaient que le Christ n’a qu’une seule nature et qu’ ayant absorbé sa nature humaine, celle-ci est divine.


Le christianisme en Syrie

Les Arabes entrèrent en Syrie en 636, en Egypte et Arménie en 643, puis ils allèrent jusqu’à mettre le siège à Constantinople, sans toutefois réussir à conquérir la ville.

Rapidement, les chrétiens et les juifs obtinrent le droit de coexister sur le même territoire avec les musulmans et d’être protégés par eux sous le pacte de la dhimma, à savoir un accord de tolérance qui obligeait les non-musulmans à verser au Gouvernement un impôt foncier et une taxe, dite capitation, pour chaque homme adulte. Les incroyants conservèrent ainsi une autonomie relative, ainsi que leurs organisations civiles et religieuses. A mesure que les dhimmi (personnes soumises à la dhimma) devinrent minoritaires par rapport aux Arabes, les charges s’alourdirent et leur autonomie diminua. Néanmoins, les chrétiens orientaux se considérèrent souvent mieux traités par leurs nouveaux conquérants qu’ils ne l’avaient été sous les empereurs byzantins.

Actuellement, le nom officiel de la Syrie est « République arabe syrienne » ; cela ne veut pas dire que la Syrie est un pays musulman, mais que la Syrie est un pays de langue et culture arabe.

Dans les faits, la Syrie est un pays laïque, avec liberté de religion ; sa Constitution précise seulement que le Président doit être musulman. C’est actuellement le cas : le président élu, Bachar al-Assad, est de religion alaouite, un groupe religieux musulman proche des chiites.

La Syrie présente une assez grande diversité de religions, à savoir : 89 % environ de musulmans (sunnites 75 % ; chiites 3,5 %; alaouites 1/ 11 %); 8,3 % de chrétiens environ ; 1,7 % de druzes 2/ ; 0.8% d’ismaélites 3et 0,2 % de yézidis 4/.

Les chrétiens syriens se subdivisent en de nombreux groupes :

orthodoxes syriens ; orthodoxes grecs ; melkites gréco catholiques; arméniens orthodoxes ; arméniens catholiques ; coptes ; maronites ; catholiques syriens ; chaldéens ; catholiques romains ; protestants.

Les pourcentages donnés, en particulier pour les chrétiens, doivent être relativisés. Victimes de persécutions et exécutions par les terroristes durant la guerre, un certain nombre de croyants ont perdu la vie ou sont émigrés. Après le rétablissement de la sécurité dans la plupart des régions, un mouvement de retour au pays s’est amorcé.

Historiquement, le nombre de chrétiens a constamment varié et même diminué en valeur relative en raison d’émigrations et de taux de natalité inférieurs à celui des autres populations, notamment musulmanes.

Actuellement, la communauté chrétienne se distingue par son dynamisme et son attachement à la nation et à la religion de ses ancêtres.


1/Les alaouites sont un groupe ethnique et religieux originaire du nord de la SyrieLes trois quarts vivent dans la région de Lattaquié, où ils représentent les deux tiers de la populationHabituellement assimilée à une variation de l’islam chiite, la religion alaouite s’en distingue néanmoins par l’absence de mosquées et d’imams, ainsi que par certains points de doctrine. L’ancien président Hafez al-Assad et son fils Bachar al-Assad, qui lui a succédé en 2000, sont alaouites.

2/Les druzes sont un groupe de population adepte de l’ismaélisme, un courant du chiisme. En Syrie, ils occupent la zone montagneuse du Hawran, dans le Sud du paysMonothéiste, leur religion constitue une synthèse de divers courants religieux et intellectuels.

3/L’ismaélisme est une religion issue du chiisme en 765, lors d’une scission doctrinale.

4/Monothéiste, lyézidisme est la religion de la communauté ethno-religieuse des Yézidi issue du Kurdistan irakien.  Il existe de nombreuses similitudes entre le yézidisme actuel et les religions de l’Iran ancien. Selon certains, le yézidisme serait un rameau hétérodoxe de l’islam sunnite apparu au XIIe siècle.


Evolution du christianisme depuis les origines à nos jours



 

Cosimo Nocera est historien et guide du Musée national de Bangkok. Il a vécu et travaillé en Italie, Suisse et en Amérique andine (Pérou, Equateur et Bolivie). Après un long séjour en Asie du Sud-Est, il vit actuellement en Suisse française.

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