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Le Musée national de Bangkok/2La Chapelle Buddhaisawan et la Maison Rouge

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Le thème « Le Musée national de Bangkok » consiste en cinq articles, à savoir :

– Le Musée national de Bangkok/1 : bref historique du Musée ; les bâtiments ; plan; informations générales

– Le Musée national de Bangkok/2 : la Chapelle Buddhaisawan ; la Maison rouge ou Phra Tamnak Daeng

– Le Musée national de Bangkok/3 : le Palais des audiences ou Siwamokkhaphiman

– Le Musée national de Bangkok/4 : les Ailes Nord et Sud; la Salle du trône ou Issara Winitchai, le Palais royal ou Mou Phra Wimanet ses salles des arts décoratifs siamois 

– Le Musée national de Bangkok/5 : le Petit temple chinois ou Nukitratchaborihan, la Résidence du roi Pinklao ou Issaret Ratchanuson, la Maison des esprits, la Halle des carrosses funéraires royaux et les Sala


La Chapelle Buddhaisawan

Chapelle privée des seconds rois (Uparaja), elle a été construite en 1795 pour abriter la statue du Bouddha du Lion (Phra Puttha Sihing).

Devant la chapelle a été édifiée une plate-forme dite aux éléphants, réservée par le passé aux personnages royaux et à leurs montures ; plus à gauche se trouve une plate-forme plus basse pour les cavaliers. On aperçoit également une statue de Rama, roi de l’Inde antique, 7e réincarnation de Vishnu, héros de l’épopée indienne Ramayana (appelée Ramakien dans sa version siamoise) relatant la lutte du Bien, en l’occurrence le roi Rama, contre le Mal, représenté, lui,  par Thosatkan, roi des démons. Avec son armée, Hanuman, roi des singes, est l’allié de Rama. Les rois de la dynastie thaïlandaise des Chakri se considèrent comme les réincarnations de Rama et en prennent le nom.

Tout le long de la façade Est de la Chapelle on aperçoit des statues de Tantima (Gardiens), munis d’un bâton ; ce sont des figures mythologiques représentant des oiseaux mangeurs d’hommes, que le Bouddha a convertis et chargés de la garde des temples.

Sur le fronton de la Chapelle, créé en 1982 à l’occasion du bicentenaire de Bangkok, on voit apparaître plusieurs images de Brahma  – dieu hindouiste à quatre visages –  en bois sculpté, incrusté de mosaïque en verre, en position de wai (salut).

La Chapelle, avec son seuil surélevé pour empêcher les mauvais esprits d’entrer, est en activité et de nombreux fidèles la fréquentent quotidiennement ; quoiqu’aucun moine n’y soit rattaché, elle est consacrée en tant que temple bouddhiste.

Les battants des six portes montrent, à l’intérieur, des peintures de gardiens, à l’extérieur, des peintures d’arbres votifs en laque noire et or.

La statue du Bouddha Phra Puttha Sihing, posée dans un pavillon au milieu de la Chapelle, serait d’origine cinghalaise ; datée du XVe siècle, avant d’aboutir à Bangkok elle aurait transité par Chiang Mai, Nakhon Si Thammarat et Sukhothai. Lors de la Fête de Songkhran (Nouvel-An thaïlandais), elle est sortie de la Chapelle et aspergée d’eau. La statue est entourée de divers cadeaux : un Bouddha couronné assis, reçu de la princesse Sirindhorn en 1991, de grandes bougies offertes au temple lors de la saison des pluies, des éventails pour les moines, des arbres votifs en argent et en or, tribut provenant d’anciennes seigneuries vassales du Siam, des écrans en bois, laque et or du XIXe siècle, exhibant des scènes du Ramakien, des bibliothèques en bois, laque et or destinées à la conservation des Tipitaka ou Canons en langue pâli, qui sont des recueils de textes fondateurs du bouddhisme theravada.

Sur le haut des murs de la Chapelle on voit cinq rangées de peintures montrant des personnages des cinq assemblées célestes, deva (esprits gardiens célestes), yak (esprits gardiens des trésors de la terre), garuda (oiseaux de la mythologie hindouiste et bouddhiste), Brahma et habitants de la forêt himalayenne (sages, ermites, divinités mineures, musiciens, etc.).

Sur le bas des murs se trouvent des peintures murales qui, en 28 peintures créées entre 1795 et 1797, représentent des scènes de la 548e et dernière vie terrestre du Bouddha (cf. art. Vie de Gautama Siddhartha, futur Bouddha).

L’état de conservation des peintures est inégal et elles ont dû être restaurées à plusieurs reprises. Une même peinture peut représenter divers événements, parfois anachroniques, séparés par des motifs végétaux (arbres, buissons), minéraux (roches) ou aquatiques (étangs, rivières, mers). Les événements importants sont toujours peints sur fond rouge et surmontés de décorations en zigzag, typiquement siamoises.

La peinture a été faite par le procédé dit tempera ou détrempe, sur des murs lavés et séchés ; les couleurs, entièrement naturelles, ont été appliquées sur les murs secs, puis fixées à l’aide de fixatifs également naturels.

Dans la croyance bouddhiste, le Bouddha, avant d’atteindre l’extinction totale ou paranirvana à la fin de sa 548e vie, a vécu 547 vies antérieures appelées Jataka en pâli et Chadok en thaïlandais. Un récit thaïlandais, appelé Totsachat, retrace ses dix dernières vies.

Fils de roi, le Bouddha est né vers 538 avJC à Lumpini, au Sud du Népal actuel, sous le nom de Siddharta Gauthama. Toute sa vie s’est déroulée dans un périmètre relativement modeste autour de la ville de Bénarès, en Inde. Siddharta est devenu Bouddha lors de son éveil à Bodh-Gaya, il a fait sa première prédication à Sarnath et a atteint l’extinction définitive à Kusinagara vers 480 avJC.

plan musée chapelle



La Maison Rouge ou Phra Tamnak Daeng

Cette construction traditionnelle, entièrement construite en bois de teck, a été assemblée au moyen de chevilles en bois. Construite à la fin du XVIIIe siècle pour la soeur aînée du roi Rama Ier, elle est composée d’un salon, d’une chambre à coucher et de deux autres chambres meublées avec des pièces des XVIIIe et XIXe siècle.

La maison possède la particularité d’être composée de parois amovibles qui permettent de dimensionner les pièces selon les besoins.

plan musée maison rouge



Vous trouverez d’autres renseignements sur l’histoire du Siam et de la Thaïlande dans les articles suivants :

– Dvaravati et la civilisation môn, 1 et 2 ;

– Sukhothai, royaume taï, 1 et 2 ;

– Un Bouddha grec de Gandhara ;

– Lan Na, royaume du Nord, 1 à 4 ;

– Les Khmer en Thaïlande, 1 à 5

– Lions gardiens de temples asiatiques

– Vie de Gautama Siddhartha, futur Bouddha


 

Cosimo Nocera est historien et guide du Musée national de Bangkok. Il a vécu et travaillé en Italie, Suisse et en Amérique andine (Pérou, Equateur et Bolivie). Après un long séjour en Asie du Sud-Est, il vit actuellement en Suisse française.

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