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Vie de Gautama Siddhartha, futur BouddhaPar les peintures murales de la Chapelle Buddhaisawan, à Bangkok
Qui était Gautama Siddhartha ?
Fils de roi, celui qui devint le Bouddha naquit vers 538 avJC à Lumpini, au Sud du Népal actuel, sous le nom de Gautama Siddhartha. Toute sa vie s’est déroulée dans un périmètre relativement modeste autour de la ville de Bénarès, en Inde. Siddhartha devint Bouddha lors de son éveil à Bodh-Gaya, il fit sa première prédication à Sarnath et atteignit l’extinction, ou paranirvana, à Kusinagara vers 480 avJC.
Gautama Siddhartha fut la dernière réincarnation terrestre du Bouddha, qui vécut 547 vies antérieures appelées Jatakas en pali et Chadok en thaïlandais, suivies de réincarnations, avant d’atteindre le paranirvana ou extinction définitive à l’issue de sa 548e vie.
Un récit thaïlandais, appelé Totsachat, retrace les dix dernières vie du Bouddha.
Les 28 peintures décorant les murs de la Chapelle Buddhaisawan
Un rappel figuratif de la 548e et dernière vie terrestre du Bouddha est représenté par les 28 peintures murales, créées entre 1795 et 1797, qui décorent les parois de la Chapelle Buddhaisawan, au Musée national de Bangkok.
L’état des 28 peintures est inégal et elles ont été restaurées à plusieurs reprises. Un même panneau peut représenter divers événements, parfois anachroniques, séparés par des motifs végétaux (arbres, buissons), minéraux (roches) ou aquatiques (étangs, rivières, mers). Les événements importants ont été peints sur fond rouge et sont surmontés de décorations en zig-zag, typiquement siamoises.
La peinture a été faite par le procédé dit tempera ou détrempe, sur des murs lavés et séchés ; les couleurs, entièrement naturelles, ont été appliquées sur les murs secs, puis fixées à l’aide de fixatifs également naturels.
La Chapelle Buddhaisawan
La Chapelle Buddhaisawan se trouve dans l’enceinte du Musée national de Bangkok, situé dans les bâtiments du Palais de devant ou Wang Na, en face du Palais royal (plus de détails dans l’art. Le musée national de Bangkok/2)
Chapelle privée des seconds rois (Uparaja), titulaires du Palais de devant jusqu’en 1876, elle a été construite en 1795 pour abriter la statue du Bouddha du Lion (Phra Puttha Sihing).
Les peintures illustrant la vie du Bouddha
Des 28 peintures figurant sur les murs de la Chapelle Buddhaisawan, nous retiendrons les 10 qui illustrent les stations les plus importantes de la vie du Bouddha.
– Peinture 1 : (au fond de la Chapelle, premier panneau à droite de la porte) : le mariage des futurs parents de Siddharta Gautama
- La princesse Maha Maya, dans son palais, reçoit des cadeaux de la part des parents de son futur mari
- La princesse Maha Maya, accompagnée de sa suite, se rend en palanquin au palais de son futur époux
- Au palais royal de Kapilavastu, où le mariage a lieu, les futurs époux, entourés par les membres de la Cour se font face : entre eux se trouve un bai sri (arrangement floral). A gauche le prince Suddhodana Gautama, flanqué du dieu Brahma aux quatre visages et du dieu Indra, en vert; à droite, la princesse Maha Maya, flanquée de sa suite.
- Un orchestre de musiciennes accompagne la cérémonie
– Peinture 2 : (en suivant à droite) : la naissance du prince Siddharta Gautama
- Le bodhisattva de la 547e vie antérieure réside encore dans le ciel de Tusita, attendant de renaître une dernière fois avant d’atteindre le paranirvana. Le dieu Indra, qui représente l’ensemble des divinités, lui demande de choisir où et chez qui il souhaite naître.
- Une nuit, dans son palais de Kapilavastu, la reine Maha Maya rêve que son lit est enlevé par les dieux, emporté dans la forêt himalayenne, où elle reçoit un bain de la part des épouses des dieux qui la placent sur un lit divin. Un éléphant blanc fait trois fois le tour de son lit, puis la pénètre de ses défenses par le flanc droit. C’est ainsi qu’est conçu Siddharta.
- Se sachant enceinte, la reine, selon l’usage, part accoucher dans la maison de son père.
- S’étant arrêtée en chemin dans le parc de Lumphini, la reine s’arrête et debout, se tenant à une branche d’arbre, donne naissance à l’enfant.
- Les dieux Brahma, à gauche, et Indra, à droite, accueillent le nouveau-né. Déjà, l’enfant fait sept pas sur des fleurs de lotus surgies miraculeusement de terre. Il reçoit le prénom de Siddharta
– Peinture 3 : l’enfance de Siddharta
- Le roi Suddhodana accomplit la cérémonie annuelle propitiatoire des labours.
- Son fils Gautama, resté sous un arbre sous la garde de ses nourrices, a bénéficié de l’ombre de la plante qui l’a suivi pendant toute la cérémonie.
Le sage Asita rend visite au roi Suddhodana pour lui annoncer que son fils deviendra soit un chakravartin (monarque universel), soit un bouddha (être éveillé).
La scène des labours montre un anachronisme représenté par les soldats (dont certains sont des Européens) habillés d’uniformes du XVIIIe siècle.
La scène de l’arbre dont l’ombre suit l’enfant représente l’un des miracles qui accompagnent la vie du jeune Gautama.
Ce dernier, à l’âge de seize ans, épouse la princesse Yasodhara.
– Peinture 4 : le Grand départ
- Sorti du palais sans autre escorte que son écuyer Channa, Gautama rencontre quatre divinités qui se présentent à lui sous l’aspect d’un malade, d’un vieillard, d’un mourant et d’un ascète. Channa lui explique que la maladie, la vieillesse et la mort constituent la réalité de l’existence humaine. Frappé par la sérénité de l’ascète, Gautama décide de mener une vie d’ascète.
- En arrivant chez lui, il apprend la naissance de son fils Rahula. Il se rend auprès de son épouse et de leur fils, endormis, puis décide de quitter le palais.
- Channa lui avance son cheval Khantaka, saisit la queue du cheval pendant que quatre divinités tiennent ses sabots pour étouffer tout bruit. Indra ouvre la route et Rama porte la robe d’ascète et le bol des aumônes.
- La coupe de cheveux de Siddharta
Siddharta grandit dans le luxe, à l’écart de la réalité, ignorant l’existence de la souffrance. La rencontre avec cette dernière le décide à devenir un ascète. Après avoir pris congé de Yasodhara et de Rahula, Gautama part du palais aidé par les dieux qui l’accompagnent.
Arrivé près d’un cours d’eau, il rompt symboliquement avec sa caste en se coupant les cheveux. Puis il demande à son écuyer Channa de rentrer au palais, d’informer le roi, son père, de son départ et de lui restituer ses parures princières.
– Peinture 5 : la révélation de la Voie du juste milieu, signes et tentations
- Siddharta, qui vient de quitter l’ascèse, accepte un repas préparé par Sujata, une femme noble, qui le prend pour un esprit des arbres
- Siddharta, entré en méditation, fait l’objet d’une tentative de séduction de la part de Mara, le démon du Mal, qui lui envoie ses trois filles; devant l’absence de réaction de Siddharta, les trois séductrices repartent sous l’aspect de vieilles sorcières
- La scène du bol navigant à contre-courant
Siddharta mène pendant six ans la vie d’un ascète, à la recherche de l’Eveil, sans cependant aboutir à la compréhension des origines de la souffrance.
Indra se présente avec un instrument à trois cordes, dont seule la troisième produit un son mélodieux : elle symbolise la Voie du juste milieu et Siddharta décide de quitter l’ascèse pour cette voie.
Après avoir accepté le repas offert par Sujata, Siddharta demande aux dieux de lui donner un signe prouvant qu’il est sur la bonne voie. Il dépose son bol vide sur la rivière qui coule à côté de lui, décidant que s’il flotte à contre-courant, ce sera le signe attendu. Effectivement, le bol remonte le cours d’eau et va se déposer dans le palais du roi Naga.
Tandis que Siddharta entre en méditation, Mara, le roi des démons, tente de le séduire à travers ses trois filles.
– Peinture 6 : l’Eveil
Lorsque Mara lui demande de lui indiquer les témoins de ses mérites, Siddharta dirige sa main droite vers le sol en disant : « La Terre sera mon témoin ». C’est alors qu’apparaît Thorani qui déclenche un déluge. Après l’anéantissement de l’armée de Mara, Siddharta continue sa méditation et à l’aube, il atteint l’Eveil, stade ultime de la pensée, qui mène à la compréhension des phénomènes de l’existence et de la souffrance humaines.
Dès lors, il sera appelé l’Eveillé ou le Bouddha.
- Vue d’ensemble de la peinture
- Le futur Bouddha méditant sous l’arbre de la Bodhi
- La déesse Thorani sortant de terre et sa chevelure
- Mara à la tête de ses troupes
- Guerriers de Mara
- Combattants étrangers de Mara; on note des Européens et un Arabe
- Les troupes de Mara emportées par les flots
– Peinture 19 : le Bouddha descend du ciel de Tavatimsa
- Le Bouddha descendant du ciel de Tavatimsa sur l’échelle construite par Indra
- Après sa descente, les habitants des différents mondes, ciel, enfer et terre, ont la possibilité de se voir les uns les autres
A la fin de la saison des pluies, le Bouddha descend du ciel de Tavatimsa pour rejoindre le monde des humains. Indra construit trois échelles, une en pierres précieuses pour le Bouddha, une en or pour lui-même et une en argent pour Brahma.
Un miracle se produit lorsque le Bouddha est descendu du ciel : les habitants des différents mondes, ciel, enfer et terre, ont la possibilité de se voir les uns les autres.
Après le miracle, le Bouddha tient un sermon : rois, gens du commun, princesses et habitants de la forêt viennent l’écouter.
– Peinture 26 : le dernier repas du Bouddha
- Le Bouddha s’adresse à ses disciples pour leur demander de ne pas manger le repas avarié
Le Bouddha, âgé de 80 ans, et ses disciples s’arrêtent à Pava, où ils sont invités à partager un repas. Sachant que la viande est avariée, le Bouddha s’adresse à ses disciples pour leur demander de ne pas en manger.
Après en avoir lui-même mangé, le Bouddha tombe très malade et s’installe sous un manguier ; il sait qu’il va mourir. Un éléphant blanc apporte son cercueil.
– Peinture 27 : le Bouddha atteint le paranirvana
- Le Bouddha s’allonge sur une couche, sous un manguier
- Durant la nuit il enseigne à ses disciples et leur donne ses dernières recommandations
- Le disciple Ananda va informer de roi Mallas de l’avènement du Bouddha au paranirvana
A Kusinagara, le Bouddha demande à son premier disciple Ananda de lui préparer une couche sur laquelle il puisse s’allonger, la tête dirigée vers le Nord.
Durant la nuit, il enseigne et donne ses dernières recommandations à ses disciples, puis il entre en méditation.
Le moine Ananda informe le roi des Mallas, sur le territoire duquel le Bouddha est décédé, de son accession au paranirvana.
– Peinture 28 : la crémation du Bouddha et le partage des reliques
- La cour du roi Mallas se prépare aux célébrations rituelles après l’entrée du Bouddha en paranirvana
- Le corps du Bouddha est placé sur un bûcher pour être incinéré
- A l’arrivée de huit rois réclamant leur part des reliques du Bouddha le risque d’un conflit est évité par l’ascète Dona qui propose un partage équitable
La Cour du roi des Mallas est réunie pour les cérémonies relatives à l’entrée du Bouddha en paranirvana.
Le corps du Bouddha est installé sur un bûcher pour la crémation.
Les disciples ne réussissent pas à allumer le bûcher ; à l’arrivée de Maha Kassapa, l’un des disciples les plus proches du Bouddha, le bûcher s’allume spontanément.
Après la crémation, les reliques du Bouddha (cendres, dents, bol et robe) sont déposées dans une urne. Huit rois, arrivés sur place, réclament ces reliques. Un conflit risque d’éclater. Pour l’éviter, Dona, un ascète brahmane, propose de partager équitablement les reliques en huit parts. Chaque roi reçoit la sienne et Dona ne garde que le bol et une dent. Indra, qui l’a vu, récupère la dent.
Pour éviter une dégradation du Dhamma (l’enseignement du Bouddha), et du Vinaya (la pratique bouddhiste), Maha Kassapa, qui assume la succession du Bouddha, convoque le Premier Concile bouddhiste pour établir et consolider les règles y relatives.