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Syrie : monastères et lieux de culte chrétiens/2Maaloula (Ste Thècle, Saints Serge et Bacchus), Saydnaya (Notre-Dame), al-Mishtayeh (St Georges)

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Articles sur Syrie/Liban

Ce thème comprend les articles suivants :

– Syrie : brève histoire

– Syrie : les gens

– Syrie : Chrétiens et Christianisme

– Syrie : monastères et lieux de culte chrétiens/1

– Syrie : monastères et lieux de culte chrétiens/2

– Syrie/Liban : traces de civilisations anciennes/1

– Syrie/Liban : traces de civilisations anciennes/2

– Syrie : promenade entre mer, montagne et désert

– Syrie : Kfarbou, regards sur une communauté chrétienne


Syrie : monastères et lieux de culte chrétiens

La Syrie est le pays des premiers chrétiens et aussi l’un des pays où le monachisme a pris pied à partir des premiers siècles de l’ère chrétienne. Au Proche-Orient, dès le Ve siècle, le développement et l’institutionnalisation du christianisme se sont produits à travers une succession de conciles accompagnés de scissions et de la formation d’églises séparées par des points de doctrine (cf. art. Syrie : religions).

Certains monastères syriens remontent au IVe siècle; bien qu’ayant traversé des siècles d’histoire tourmentée ils continuent d’exister.

La présente série de deux articles porte sur cinq de ces monastères et églises : 1) Deir Mar Moussa el-Habashi, près de An-Nabk, 2) Sainte Thècle et Saints Serge et Bacchus à Maaloula, au pied des montagnes Qallamoun, le monastère Notre-Dame de Saydnaya et le monastère de St. Georges à Mechnayé (al-Mishtayeh). 

La guerre d’agression que la Syrie subit depuis 2011 a laissé intact les premier et dernier alors que les deuxième et troisième ont subi les dévastations de groupes takfiristes qui se sont emparés de Maaloula en 2013 avant d’en être chassés en 2014 par l’armée syrienne.


Maaloula

Maaloula est un village situé à 1400 m d’altitude dans le Djebel Qalamoun, dans la chaîne de l’Anti-Liban. Il est habité par une importante communauté chrétienne appartenant à l’eglise grecque-catholique melkite et à l’église grecque orthodoxe d’Antioche. La conversion des habitants de Maaloula au christianisme date des premiers temps de l’Eglise, à l’époque romaine.

Le village est situé à l’entrée d’une gorge rocheuse profonde, où se trouvent des grottes habitées depuis 50-60000 ans, qui servaient de refuge durant les premiers siècles du christianisme, puis abritaient des anachorètes.

On trouve dans le village le monastère et l’église grecs orthodoxes construits autour de la grotte qui servait d’habitation à Sainte Thècle, princesse seleucide disciple de l’apôtre Saint-Paul, et qui fut ensuite son tombeau.

Sur une hauteur surplombant le village, à 1622 m d’altitude, se trouve le monastère des Saints martyrs Serge (Sarkis) et Bacchus, fondé au IVe siècle et, de ce fait, l’un des plus anciens lieux de culte chrétiens au monde.

Une partie de la population chrétienne de Maaloula parle l’araméen, langue antique encore utilisée pour l’usage liturgique par certaines églises chrétiennes orientales.

De nos jours, de nombreux habitants de Maaloula travaillent dans d’autres régions de la Syrie, au Liban ou en Turquie et ne rentrent dans leur village que pour la Fête de l’exaltation de la Sainte-Croix, le 24 septembre.

Le 7 septembre 2013, Maaloula a été occupée par les takfiristes, qui ont exterminé une partie de ses habitants. Pendant les huit mois d’occupation du village, les takfiristes ont enlevé les religieuses du monastère de Sainte Thècle et ont ravagé le monastère des Saints Serge et Bacchus, tout en détruisant de nombreuses icônes anciennes; parmi celles-ci une Madone copiée d’après l’original de l’évangéliste Saint Luc, des icônede la Croix, de la Sainte Cène et de Saint Jean Baptiste. Les icônes que l’on peut voir actuellement sont des copies des icônes détruites.

Ils ont également détruit l’hôtel de tourisme Safir, près dmonastère. L’armée syrienne et le Hezbollah ont repris Maaloula le 14 avril 2014.



Monastère Notre-Dame de Saydnaya

Le monastère Notre-Dame de Saydnaya est un monastère orthodoxe antiochien féminin situé sur une hauteur dominant la ville de Saydnaya, habitée par de nombreux chrétiens, à 1381 m d’altitude

Fondé par l’empereur byzantin  Justinien en 547 apJCc‘est l’un des lieux de pèlerinages chrétiens les plus importants du Proche-Orient. Son architecture s’inscrit dans la tradition byzantine.

La légende raconte que la Vierge Marie se montra à l’empereur byzantin Justinien Ier, d’abord sous la forme d’une gazelle, puis comme une image, lui demandant de fonder un monastère à son nom.

Actuellement, le monastère est habité par une trentaine de moniales. Il possède une icône de la Vierge Marie que la tradition attribue à Saint Luc; cette icône est réputée miraculeuse et a fondé la renommée du sanctuaire. Il abrite également d’autres icône des Ve, VIe et VIIe siècles apJC.

Les religieuses interdisant aux visiteurs de prendre des photos, nous ne pouvons montrer d’images de la Chapelle de la Vierge.

Par deux fois, le monastère a été attaqué et endommagé par les takfiristes : un incendie éclata en novembre 2013 après le tir d’une roquette et en janvier 2014 le sanctuaire fut pris comme cible par des tirs d’armes à feu.



Monastère de Saint Georges, à Mechnayé (al-Mishtayeh)

Le monastère masculin et l’Ancienne Eglise de Saint Georges, qui remontent à la fin du Ve siècle apJC et ont été construits sous le règne de l’empereur byzantin Justinien Ier, sont situés dans une vallée près du Krak des Chevaliers et de la ville de al-Mishtayeh.

Cette vallée, appelée Wadi al-Nasara (Vallée des chrétiens) compte une trentaine de villages, dont 27 majoritairement chrétiens, 4 alaouites et 1 sunnite. Elle est un centre de la chrétienté orthodoxe grecque depuis le VIe siècle.

L’église abbatiale nouvelle a été construite en 1857; elle possède des icônes peintes représentant différentes scènes de la vie du Christ. Dans l’église ancienne il y a une iconostase en bois sculpté.

Eglise orthodoxe syrienne, son rite est byzantin et la langue du culte est l’arabe.

Lors des débuts de la guerre d’agression contre la Syrie, les villages se sont constitués en comité de défense populaire et avec l’aide du Gouvernement ont repoussé les attaques des takfiristes en août 2013. Pendant ces combats de nombreuses constructions ont été fortement endommagées et on peut en voir les traces encore aujourd’hui; toutefois, les habitants ont commencé la reconstruction et bâtissent de nouveaux édifices.



 

Cosimo Nocera est historien et guide du Musée national de Bangkok. Il a vécu et travaillé en Italie, Suisse et en Amérique andine (Pérou, Equateur et Bolivie). Après un long séjour en Asie du Sud-Est, il vit actuellement en Suisse française.

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