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Le catéchisme sur les murs/5Peintures médiévales d'églises : l'ancienne Principauté épiscopale de Bâle (Fürstbistum Basel)/2

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Principauté épiscopale de Bâle (Fürstbistum Basel)/2

Cet article poursuit la présentation d’églises peintes situées sur le territoire de la Principauté épiscopale de Bâle.

Certaines se trouvent dans sa partie restée catholique après la Réforme protestante du XVIe siècle : Porrentruy, Beurnevésin, Saint Ursanne, Vermes. Toutes ces églises sont actuellement situées sur le territoire de l’actuel canton du Jura.

D’autres églises sont situées dans la partie de la Principauté passée au protestantisme : Saint Imier, Moutier, La Neuveville (ces églises se trouvent dans l’actuel Jura bernois); Muttenz (cette église se trouve dans l’actuel canton de Bâle Campagne), Pieterlen et Biel/Bienne (ces églises sont situées sur le territoire de l’actuel canton de Berne). Les temples aujourd’hui protestants sont présentés dans l’article « Le catéchisme sur les murs » n° 6.


Carte de la Principauté épiscopale de Bâle/Karte des Fürstbistums Basel

Avec les sites des églises étudiées/Mit den Standorten der betroffenen Kirchen


Eglises de la Principauté restées catholiques

L’Eglise de Saint-Pierre, à Porrentruy

Le site de Porrentruy, au centre de l’Ajoie, était occupé dès le début de l’ère chrétienne : on y découvrit les restes d’un temple gallo-romain. Dès la fin du Xe siècle, il abritait une petite bourgade, avec une église paroissiale. Après avoir, comme Delémont, appartenu aux ducs d’Alsace, le site fut divisé entre l’Abbaye de Moutier-Grandval, la courtine de Bellelay et les comtes de Ferrette. Faisant suite à la donation de Moutier-Grandval à l’évêque de Bâle par le roi de Bourgogne Rodolphe III, et jusqu’en 1270, les prince-évêques de Bâle procédèrent à divers achats qui intégrèrent Porrentruy et l’Ajoie dans leurs terres. En 1283, l’empereur du Saint-Empire, Rodolphe de Habsbourg, accorda à Porrentruy une charte de franchises.

Lorsqu’en 1527 la Réforme protestante gagna Bâle, le prince-évêque s’installa à Porrentruy et en fit sa capitale ; d’où la présence en ville d’un important château, d’une résidence princière, d’une chancellerie et de divers hôtels qui en réhaussent la richesse architecturale.

Après l’invasion de la principauté par les troupes révolutionnaires françaises, en 1792, le prince-évêque quitta la ville qui cessa d’être capitale d’Etat. En 1815, le Congrès de Vienne rattacha Porrentruy et l’Ajoie au canton de Berne.

L’église de Saint Pierre est située en bordure de la cité médiévale et se trouve sur l’emplacement d’une place forte des XIIe et XIIIe siècles; sa construction débuta en 1321. Après diverses transformations, vers la fin du XVe siècle cette basilique gothique atteignit sa forme définitive. En 1776, le clocher fut pourvu d’un dôme comtois. La chapelle Saint Michel, construite entre 1450 et 1487, abrite les restes de plusieurs princes-évêques de Bâle.

En 1978-83 eut lieu la restauration complète de l’église Saint Pierre.



L’Eglise de Saint Jacques, à Beurnevésin 

Le village de Beurnevésin, situé près de la frontière française, faisait partie de la Seigneurie d’Ajoie, intégrée à la Principauté épiscopale de Bâle à la fin du XIIIe siècle. Distinct du village, le fief passa à l’évêque de Bâle en 1625.

La date de construction de l’église de Saint Jacques n’est pas connue ; son choeur a été reconstruit à la fin du XVe/début du XVIe siècle. La nef a été construite en 1823.

L’église est l’un des rares sanctuaires jurassiens villageois à présenter, dans le choeur, des peintures murales de la fin du Moyen-Age. Découvertes et restaurées en 1966/67, elles ont fait l’objet de mesures de nettoyage et de conservation en 2010. Elles représentent les symboles des quatre Evangélistes et sont accompagnées d’un Saint Georges terrassant le dragon (cf. image d’article). 

On ne connaît pas leur auteur.



La Collégiale, à Saint Ursanne

Le bourg et la région de Saint Ursanne faisaient partie de la Prévôté de Saint Ursanne.

Selon la légende, Saint Ursanne, moine missionnaire venant d’Irlande avec Saint Colomban et Saint Gall, après un séjour à l’Abbaye de Luxueil dans les Vosges, se retira dans une grotte de la région du Doubs, où il vécut en compagnie d’un ours. D’autres moines, attirés par sa réputation de sainteté, le rejoignirent et fondèrent un monastère après sa mort.

Historiquement, il est avéré qu’un moine nommé Ursanne parcourait les vallées du Jura entre 590 et 610. Il est d’ailleurs possible qu’en 630 un jeune aristocrate nommé Wandrille ait fondé un ermitage en compagnie d’autres moines sur les bords du Doubs, près de la tombe de Saint Ursanne. La première trace historique d’une abbaye remonte toutefois au IXe siècle. Après une période d’indépendance, en 1139 le pape Innocent II confirma le passage de l’Abbaye de Saint Ursanne dans le diocèse de Bâle; en 1146, le pape Eugène III attesta la domination du prince évêque de Bâle sur l’Abbaye. En 1210 l’Abbaye retrouva une partie de son autonomie avec la fondation de la Prévôté de Saint Ursanne, tout en restant dans la sphère politique du prince évêque jusqu’à l’occupation française en 1792.

La Collégiale fut construite à la fin du XIIe siècle en remplacement de l’église abbatiale de la fin du XIe siècle. Son portail sud, inspiré de la cathédrale de Bâle, est le portail de style bourguignon le plus important de Suisse. Le cloitre fut reconstruit vers 1380 sur des fondations précédentes. Le portail qui y donne accès, présente un tympan provenant de l’abbatiale du XIe siècle, portant un lys et un lion de part et d’autre d’une croix inscrite dans un disque.

La Collégiale possède aussi une remarquable crypte, construction très rare dans la région. Celle-ci  servait à l’origine à accueillir le sarcophage de Saint Ursanne, transféré en 1323 dans l’église proprement dite.



L’Eglise des Saints Pierre et Paul, à Vermes

Vers 620 eut lieu la fondation de la cella (chapelle) de Vermes, propriété de l’Evêché de Bâle. Vermes faisait partie de la Seigneurie de Delémont, qui, au Haut Moyen Âge, dépendait des ducs d’Alsace. Elle passa ensuite à d’autres maisons ducales. Si depuis la donation faite par Rodolphe III à Adalbéron, en 999, l’évêque de Bâle était devenu le suzerain de la seigneurie, celle-ci ne passa pleinement sous sa juridiction temporelle qu’en 1271/78, après des négociations avec les comtes de Ferrette qui en étaient les propriétaires.  De la seigneurie de Delémont dépendaient également la courtine de Bellelay, avec sa fameuse abbaye, et la Prévôté de Moutier-Grandval. Entre 1407 et 1580 Delémont était liée à la ville de Bâle par un traité de combourgeoisie, finalement aboli par la volonté du prince-évêque.

Les fresques de l’église des Saints Pierre et Paul représentent des épisodes de la vie et de la passion du Christ; elles datent du début du XVe siècle. Elles furent redécouvertes lors des travaux de restauration de 1962-64. Leur auteur n’est pas connu.



Cosimo Nocera est historien et guide du Musée national de Bangkok. Il a vécu et travaillé en Italie, Suisse et en Amérique andine (Pérou, Equateur et Bolivie). Après un long séjour en Asie du Sud-Est, il vit actuellement en Suisse française.

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