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Les Saints : Saint Georges, Saint MichelLe catéchisme sur les murs, introduction/13
Les peintures des murs d’églises
Les peintures murales sont le centre d’intérêt de notre série d’articles « Le catéchisme sur les murs » ; plus précisément, nous nous intéressons aux peintures médiévales, sur une période allant dans les grandes lignes de la chute de l’Empire romain d’Occident (conventionnellement située au moment de l’abdication de l’empereur Romulus Augustulus, le 4 septembre 476) à la fin de l’Empire romain d’Orient (située au moment de la chute de Constantinople en 1453).
La présente suite d’articles introductifs sert de mise en contexte à cette série, qui s’attache à montrer, souvent sous la forme d’articles thématiques ou historiques, quelques églises suisses, italiennes et françaises possédant des peintures murales médiévales.
Articles introductifs:
1. Le christianisme et l’art. Pour ou contre l’image ? La Bible des pauvres
2. Les Morts et les Vivants
3. Les Saints : Saint Christophe, le Christ du Dimanche
4. Le Jugement Dernier, l’Enfer, la Gueule d’enfer, le Diable
5. Le Purgatoire, le Paradis, les Anges
6. Thèmes liés à Marie : Notre Dame de la Miséricorde; Annonciation
7. Les Saints : Saint Nicolas de Flüe
8. La Trinité
9. Peintures médiévales d’églises : curiosités 1
10. Peintures médiévales d’églises : curiosités 2
11. Peintures anciennes d’églises
12. Plafonds peints d’églises médiévales
13. Les Saints : Saint Georges, Saint Michel
14. Les Saints : Saint Sébastien, Saint Martin
15. Les Saints : Saint Pierre, Saint Laurent
16. Livre de la Genèse : création du monde, Adam et Eve, Noé et le Déluge, Caïn et Abel; Vices et Vertus
Saint Georges et le Dragon
Sur le plan historique la seule donnée certaine concernant Georges de Lydda est la date de son martyre, qui eut lieu au début du IVe siècle, en Palestine.
Des éléments de sa vie sont mentionnés dans la Passio sancti Georgii, œuvre d’un soldat romain martyrisé sous Dioclétien (IVe siècle), considérée comme apocryphe par l’église catholique.
D’après cette œuvre, Georges de Lydda est né vers 275-280 à Mazaca, en Cappadoce (actuelle Turquie), dans une famille grecque ; il reçoit le baptême chrétien. Après la mort de son père, sa mère s’installe en Palestine, à Diopolis (Lydda).
A l’âge adulte, Georges se rend à Nicomédie (actuelle Turquie) où il devient officier dans l’armée romaine, puis tribun et préfet. Lors des persécutions de Dioclétien (IVe siècle), l’église chrétienne de Nicomédie est détruite. Les chrétiens sont privés de droits et de la citoyenneté.
En signe de protestation, Georges démissionne de l’armée et retourne à Lydda. Sur place il défait une bande de pillards, dont le chef est nommé le dragon, qui soumettait la population au tribut; en échange, il obtient la conversion de la population à la foi chrétienne. De retour à Nicomédie, il multiplie les actions en faveur des chrétiens persécutés. Ses chefs lui enjoignent de cesser ces activités et de reprendre du service. Suite à son refus, il est arrêté et torturé ; il survit par miracle et suscite de nombreuses conversions au christianisme. Il est alors condamné à mort et décapité . Des chrétiens recueilleront sa dépouille et construiront plus tard une église sur les lieux mêmes où il avait vaincu les pillards commandés par le dragon ; cette église devint rapidement un lieu de culte et de pèlerinage.
La fantaisie populaire créa autour de la personne de George de Lydda une légende qui s’inspira aussi de récits mythologiques telle l’histoire de Persée et Andromède : ainsi naquit l’histoire du chevalier, de la princesse et du dragon que l’imaginaire collectif diffusa largement pendant tout le Moyen Âge. Riche de sa puissante charge symbolique de la lutte du Bien contre le Mal et de la défense des faibles et des opprimés avec l’aide de Dieu, ce récit reproduit la bataille menée par l’archange Michel, telle qu’elle est décrite dans l’Apocalypse de Jean.
Saint Georges préfigure aussi l’évangélisation des païens durant les premiers siècles du christianisme et devient le saint cavalier patron des Croisades.
Georges de Lydda est canonisé par le pape Gélase Ier lors du Concile de Rome en 494.
Durant tout le Moyen Âge et jusqu’aux temps modernes, le Saint est la représentation iconographique la plus fréquente dans l’art chrétien, aussi bien en Occident qu’en Orient. Dans la tradition orthodoxe, Saint Georges figure parmi les megalomarturoi, les grands martyrs de l’église.
Parmi les récits nés autour du Saint, le plus fréquent retrace l’épisode du dragon et du sauvetage de la princesse, qui remonte au temps des Croisades: près de la ville de Selem en Libye, un dragon vivant dans un grand étang exigeait des habitants le tribut quotidien d’une brebis et d’une jeune personne. Un jour le sort désigna la fille du roi ; Georges, qui passait par là, sauva la princesse en tuant le dragon.
Ce sont les croisés qui contribuèrent à transformer Georges martyr en un personnage guerrier, dans le but de faire de l’exécution du dragon le symbole de la défaite de l’Islam. Pendant tout le Moyen Âge la figure du saint fit l’objet d’une littérature épique qui le posa en tant que protecteur des combattants. Son culte se répandit dans toute l’Europe ; de Bysance il se diffusa dans tout l’Orient. Il devint le patron de l’Angleterre, de la Géorgie et de l’Ethiopie. Jacopo da Varazze mentionne la légende de Saint Georges dans sa Legenda aurea.
Sur le plan de la peinture, Saint Georges et le Dragon apparaissent vers la fin du Xe siècle dans la vallée de Soghanle et à Göreme (actuelle Turquie). L’art byzantin s’appropria ce thème pendant les siècles suivants. Jusqu’au XVIIe siècle, l’art médiéval occidental représente Saint Georges tantôt seul, tantôt avec la princesse, tantôt à pied, tantôt à cheval, dans sa lutte contre le Dragon, qu’il transperce de sa lance ou tue à coups d’épée.
Ci-après, nous présentons quelques peintures d’églises suisses, italiennes et françaises.
Saint Michel Archange
A la différence de Georges de Lydda, Saint Michel est un ange mentionné dans le livre XII de l’Apocalypse de Jean. Avec Gabriel et Raphaël il apparaît dans les religions dites du livre (christianisme, islam et judaïsme). Il est appelé archange en tant que chef des forces du ciel : les archanges occupent les places les plus élevées dans les hiérarchies angéliques.
Son culte est d’origine orientale et dans la religion orthodoxe, qui lui voue une très forte vénération, il est appelé archistratega, ce qui correspond au latin princeps militiae coelestis (prince des milices célestes).
En 313, l’empereur Constantin Ier lui consacra un temple, le Michaelion, situé près de Constantinople.
Saint Michel a plusieurs fonctions, à savoir :
– être le symbole de la lutte du Bien contre le Mal. Il a remporté la victoire sur les anges qui se sont rebellés à Dieu et sur leur chef, Lucifer. Dante Alighieri décrit la chute de Lucifer qui, en s’enfonçant au centre de la terre, créa l’Enfer. Dans la Divine Comédie Lucifer est représenté dans le dernier cercle de l’Enfer, en train de broyer les plus grands traîtres de l’humanité ;
– être l’assistant des croyant à l’heure de la mort et accompagner les âmes au moment du Jugement ; Saint Michel est aussi chargé de libérer les âmes du Purgatoire pour les amener au Paradis ;
– juger les âmes au moment du Jugement dernier. A cet effet, le saint est représenté avec une balance destinée à la pesée des âmes qui, selon leurs actions au cours de leur vie terrestre, les amènera au Paradis, au Purgatoire ou en Enfer ;
– être le gardien de l’Église ; au Moyen Âge il était vénéré par les ordres monastiques militaires tout en étant considéré patron de diverses villes et professions.
L’iconographie représente Saint Michel portant une armure et parfois un bouclier avec une croix rouge sur fond blanc; à l’aide d’une épée ou d’une lance, il terrasse le Démon qui prend la forme d’un dragon ou d’un serpent. La scène de la pesée des âmes est souvent représentée avec un diable qui tente de faire pencher le plateau de la balance vers le Mal, afin d’emporter l’âme pesée en Enfer.
Ci-après, nous présentons quelques peintures d’églises suisse, italiennes et françaises.