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Le monde d’avantImages de mondes ruraux (années 1970-90)

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Le monde d’avant

De quel avant est-il question ?

Le monde d’avant les files de scrutateurs d’écrans aux arrêts de bus, les forêts de panneaux au bord des routes, les personnages parlant à haute voix en pleine rue avec un interlocuteur invisible, les codes QR nous fixant de leur œil noir, la musiques d’ambiance en anglais dans les centres commerciaux et les hôpitaux, les décharges et déchetteries au terminus de la consommation et autres trottinettes électriques.

C’est vers les années 70 du siècle passé que la configuration du monde a commencé à changer en profondeur.

La civilisation des têtes penchées, elle, a fait son apparition au tournant du siècle et s’est rapidement étendue à l’ensemble de la planète, mais elle a démarré de plus longue date.

Les causes, multiples, du changement doivent être recherchées notamment dans les projets de mondialisation, la numérisation, la financiarisation de l’économie, l’extension massive de l’urbanisation, la transformation de notre cadre de vie en marchandise, la bureaucratisation croissante, l’énorme développement des transports, de la communication et de la consommation de masse, l’emprise de la technique et de la science, l’émergence de nouvelles philosophies et croyances, du rationalisme.

Les conséquences se traduisent dans la perception que les gens se font de leur environnement culturel, humain, géographique, voire historique ; celle-ci a changé à mesure que le paysage se transformait sous l’effet du béton, les distances et le temps se rétrécissaient, les conditions de la vie matérielle devenaient moins contraignantes alors qu’en parallèle s’étoffaient les anxiétés face au changement, de plus en plus rapide, et qu’éclataient les limites qui avaient structuré jusque-là la vie quotidienne.

Il y a 30-50 ans le changement était déjà présent, mais ne s’était pas encore imposé partout.

Plutôt que sur la psychologie individuelle, nous centrons notre thème sur l’aspect de l’espace dans lequel agissent les individus. A la fin du siècle passé, il restait, ici et là, des espaces qui avaient peu changé et étaient restés modérément touchés par la modernité, du moins quant à leur aspect immédiatement perceptible.

Nous avons choisi de présenter des images de quelques mondes ruraux des années 70 à 90 du siècle passé. Il s’agit de lieux que nous connaissons pour y avoir vécu ou voyagé, précisément le Pérou, la Pologne et la Suisse. Tout en étant déjà insérés à divers degrés dans les processus de changement en cours, ces trois pays, indépendamment de leur structure politique, avaient conservé une partie du monde rural fonctionnant à l’ancienne.

Ces mondes traditionnels étaient basés notamment sur la monétarisation incomplète des échanges, avec persistance du troc, la taille modérée des entreprises, pour la plupart à conduction familiale, avec peu ou pas de main d’oeuvre salariée, la dimension réduite des cultures, une part plus ou moins importante d’autoconsommation, l’utilisation courante d’animaux de labour, de trait et de transport, l’absence d’outillage lourd et l’utilisation fréquente de sources d’énergie non directes, la part importante du travail humain, et une circulation automobile peu développée. Souvent, la modernité se limitait à une petite radio à piles.

Le but n’est pas de faire l’apologie d’un hypothétique passé plus heureux, mais de montrer par l’image à quoi ressemblait une partie du monde il y a seulement 50-35 ans.

 

Images du monde rural péruvien (années 1980-90)

 

Images du monde rural d’autres pays sud-américains (années 1970-90)

 

Images du monde rural polonais (années 1970-80)

 

Images du monde rural suisse (1970-80)

Scierie hydraulique

Dans la vallée alpine des Ormonts l’industrie du bois a une longue tradition. Dans les années 80 était en fonctions dans le village de Vers-l’Eglise une scierie alimentée par l’énergie hydraulique.

Montée à l’alpage vers le Jura vaudois

En Suisse, la belle saison revenue, les troupeaux de bovins montent traditionnellement à l’alpage. Dans les années 70, une montée vers les pâturages du Jura vaudois, depuis le village de Ballens, s’est faite à pied, le troupeau étant accompagné par des armaillis originaires du canton de Fribourg. De nos jours, les vaches montent en camion.

 

Fabrication du fromage dans un alpage alpin du Pays-d’Enhaut vaudois

La fabrication du fromage dur de l’Etivaz (gruyère d’alpage) se faisait dans les chalets d’alpage, sis au milieu des pâturages, au feu de bois. Outre les troupeaux de bovins et le personnel de gardiennage ou de fabrication du fromage, ces petits univers abritaient souvent des chevaux, des porcs, des chèvres, des chats et des chiens.

Une fois fabriquées, les meules étaient entreposées un certain temps dans les caves à fromage, salées et retournées tous les jours. On fabriquait aussi des fromages plus petits, frais ou mous, appelés tommes.

Cosimo Nocera est historien et guide du Musée national de Bangkok. Il a vécu et travaillé en Italie, Suisse et en Amérique andine (Pérou, Equateur et Bolivie). Après un long séjour en Asie du Sud-Est, il vit actuellement en Suisse française.

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