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La vie au Moyen-ÂgeLes fresques du Neidhart Festsaal à Vienne/Autriche

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Les fresques du Neidhart Festsaal

La plupart des articles publiés jusqu’ici ont pour objet des fresques médiévales d’églises, à caractère religieux (Le catéchisme sur les murs).

La vie au Moyen-Âge présente une série de fresques médiévales non religieuses, ayant pour objet des thèmes de la vie quotidienne.

Ces fresques ornent une grande pièce, anciennement une salle de bal privée, située dans un bâtiment civil, au centre de Vienne, en Autriche ; elles ont été commanditées vers 1407 par le marchand de tissus Michel Menschein et ont été redécouvertes en 1979, lors de travaux de transformation de l’appartement. Les fresques ont été restaurées en 2003 ; elles sont actuellement exposées dans leur local d’origine, le Neidhart Festsaal (Salle des fêtes Neidhart), dans le cadre des Musées viennois .

Les scènes restaurées, qui ne constituent qu’une partie des peintures d’origine, sont basées sur des chansons écrites et chantées par le troubadour Neidhart von Reuenthal, qui a vécu entre 1180 et 1240. Ses compositions ont continué à être recitées et chantées après sa mort, jusqu’au XVIe siècle.

Les fresques exposées sont actuellement appelées «fresques de Neidhart» en l’honneur de l’artiste qui les a inspirées : elles traitent d’amour, de fêtes et de jeux, de musique, danse et nourriture, mais aussi des relations tendues entre classes sociales. Parmi le thèmes traités dans l’oeuvre de l’artiste on retrouve notamment l’amour courtois d’un chevalier pour sa dame, mais aussi une critique des croisades.

L’auteur des fresques n’est pas connu, mais on suppose qu’il appartenait à un atelier bohémien.

Neidhart von Reuenthal est l’un des plus fameux troubadours allemands ; il est vraisemblablement originaire de Bavière, mais s’est transféré au XIIIe siècle en Haute-Autriche, voire à la Cour de Vienne, après avoir trouvé un mécène en la personne de Frédéric II d’Autriche.

La tradition lui attribue 132 lieder dont 55 avec musique. Il est le fondateur de la dörperliche dichtung («poésie villageoise courtoise » au sens où les chants mettent en scène de façon humoristique des villageois aux amours grossières se comportant comme à la cour), que l’on retrouve dans les fresques.

Plus tard, les lieder de Neidhard ont été repris et retravaillés par Neithard Fuchs qui est l’auteur d’un Schwankbuch (livre de farces) dont on connaît trois éditions imprimées aux XVe et XVIe siècles. Les farces de Neithart sont accompagnées de nombreuses illustrations sous forme de gravures sur bois. Les farce les plus connues sont le Spiegelraub (vol du miroir) et le Veilchenschwank (farce de la violette) que l’on retrouve en peinture dans le Festsaal. Les peintures du Festsaal présentent d’ailleurs toutes une frappante similitude avec les illustrations du Schwankbuch de Neithard Fuchs

La vie de Neithard Fuchs est peu connue : il aurait vécu au XIVe siècle.

 

 

Dörperkampf (combat entre paysans) près d’un château.

 

Jeunes nobles jouant à la balle. Il ne s’agit pas d’une joute sportive, mais d’un badinage. On voit plus loin la scène d’un doux baiser entre deux participants.

 

 

Vol du miroir et prise audacieuse. Le vol symbolise la perte de la virginité, la prise audacieuse, une scène érotique. A droite, la mère de la jeune fille cherche à la mettre en garde. Cette scène champêtre se situe en contraste avec le jeu de balle policé des jeunes nobles.

 

 

Bataille de boules de neige et bagarre entre deux participants

 

 

Balade en luge d’un groupe de personnes dont des femmes mariées reconnaissables à leur bonnet. Le cheval qui traîne la luge pourrait être visible dans la scène de chasse.

 

 

Veilchenschwank (Farce de la violette). C’est la farce la plus connue du Schwankbuch de Neithard Fuchs. Elle raconte la recherche de la première violette du printemps par le chevalier Neidhart qui veut l’offrir à la duchesse d’Autriche; pour ce faire il cache la fleur sous son chapeau et s’en va au château chercher la dame pour la lui offrir. Pendant son absence, un groupe de paysans vole la fleur et pose un tas d’excréments sous le chapeau. Les courtisans et la duchesse sortent du château et se rendent sur place en défilé pour voir la fleur. Lorsque le chapeau est soulevé le subterfuge est découvert, la duchesse et les courtisans sont choqués; Neidhart, quant à lui, se retrouve humilié et chassé de la cour; il jure de se venger des paysans.

 

 

Scène de chasse. Un chevalier est suivi par un porteur de lance habillé en rouge.

 

 

Ronde dansante. A gauche on voit un joueur de hautbois dont l’instrument est à moitié caché, à droite le maître de danse pourvu d’un bâton coiffé d’une fleur de lys, accompagné d’une dame en blanc. Les danseurs dansent des danses en rond à pas simples.

 

 

Banquet avec des participants de diverses classes sociales. A gauche un personnage aisé offrant une cruche de vin au rôtisseur d’un porcelet, à droite des paysans devant une table non mise.

 

 

 

 

 

 

Cosimo Nocera est historien et guide du Musée national de Bangkok. Il a vécu et travaillé en Italie, Suisse et en Amérique andine (Pérou, Equateur et Bolivie). Après un long séjour en Asie du Sud-Est, il vit actuellement en Suisse française.

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