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Le catéchisme sur les murs/1Peintures médiévales d'églises des Alpes franco/italiennes à la Mer ligure
Peintures médiévales d’églises : des Alpes à la Mer ligure/1
Cet article inaugure la série « Des Alpes à la Mer ligure », consacrée à la présentation d’églises et peintures de l’Italie du Nord et de la France alpine selon des trajets allant du Nord au Sud. On trouvera ci-dessous des informations et images sur les églises de Notre-Dame du Fontan, La Brigue/Alpes Maritimes/France et Sainte Marie-Madeleine, Gressan/Val d’Aoste/Italie.
Un deuxième article, « Des Alpes à la Mer ligure« /2, présentera les églises et images de Sacra San Michele en Vallée de Suse/Turin ; Santa Giustina, à Sezzadio/Alessandria et Santa Maria di Castello, à Gênes.
Un troisième article, « Des Alpes à la Mer ligure« /3, traitera d’églises situées au Piémont (Baceno/Verbania; Armeno, Briga Novarese, Momo/Novara) et en Ligurie, Campochiesa/Savona.
L’église Notre-Dame du Fontan à La Brigue
Située à quatre km du village de La Brigue, l’église Notre-.Dame du Fontan fut bâtie sur un terre-plein, au-dessus des sources intermittentes du torrent Levenza. Mentionnée dans les sources dès 1375, son origine semble néanmoins plus ancienne; située le long d’un sentier de transhumance, depuis longtemps elle est l’objet de pèlerinages.
La légende veut qu’un jour, les sources de la Levenza se soient taries privant les habitants de La Brigue de l’eau nécessaire aux champs et aux ménages; c’est alors que les Brigasques firent le voeu d’ériger une chapelle en l’honneur de la Vierge Marie si l’eau leur était rendue. Les sources s’étant remises à couler, comme promis ils construisirent le sanctuaire.
Anciennement, le chemin d’accès à l’église passait par le Pont du Coq, qui présente une double arcade à dos d’âne et une rampe d’accès latérale; construit au XVe siècle, le pont fut réaménagé an XVIIIe.
La petite église qui, à l’extérieur, ne paie guère de mine comporte une seule nef rectangulaire; ses parois sont recouvertes par les fresques réalisées par deux peintres piémontais : Giovanni Canavesio, de Pinerolo, et Giovanni Baleison, de Demonte dans la vallée de la Stura. Le premier créa l’Enfance de Jésus et la Passion du Christ, ainsi que le Jugement Dernier, inaugurés le 12.10.1492. Le second réalisa en 1481, l’Enfance de Marie et l’Assomption de la Sainte Vierge.
Canavesio, né en 1425, fréquenta l’école des Brea1 à Nice puis décora de nombreuses chapelles de montagne en Ligurie occidentale, dont celles de Pigna, Taggia, Pornassio, Triora et Diano Castello, et en Provence (St Etienne-de-Tinée, Vence, Grasse, etc.). Travaillant en perspective linéaire2, il représente bien la fin du Gothique de la seconde moitié du XVe siècle dans les Alpes occidentales.
1Famille de peintres niçois du XVe et début du XVIe siècle, fondateurs d’une école de peinture
2Dans une perspective linéaire, toutes les lignes semblent converger vers un point de fuite
Eglise paroissiale puis chapelle de Ste Marie-Madeleine, à Gressan/Val d’Aoste
L’église, actuellement chapelle, de Ste Marie-Madeleine a été construite au XIIème siècle. Du XIVème au XVIème siècle, la paroisse de la Madeleine connut une époque culturellement et politiquement prospère due à la présence des nobles de La Tour de Villa. Toutefois, en 1786, à cause du déclin de la population, la paroisse cessa d’exister et l’église fut reléguée au rang de chapelle.
En 1463 apparurent les fresques qui décorent l’extérieur et l’intérieur de la chapelle ; on suppose que c’est le noble Boniface de La Tour qui chargea le peintre piémontais Giacomo da Ivrea de leur exécution.
L’église se compose d’une abside et d’un clocher dans le plus pur style roman, le clocher reposant sur un éperon ajouté par la suite. La façade Ouest de l’église est entièrement recouverte de fresques représentant la Messe de Saint-Grégoire; Saint Georges combattant le dragon ; l’imposant Saint Christophe portant sur ses épaules l’enfant Jésus et les représentations de Sainte Marthe, Sainte Marie-Madeleine et Saint Lazare.
Les fresques du choeur, également attribuées à Giacomo da Ivrea, furent mises en lumière en 1938. La voûte de l’abside est entièrement occupée par la représentation du Christ bénissant entouré des symboles des quatre Evangélistes. Sur les murs de l’abside, on peut voir les douze apôtres et dans l’intrados qui sépare le chœur de la nef quatorze fresques illustrant la légende de Ste Marie-Madeleine.
Peintures extérieures
1. St. Christophe portant l’enfant Jésus
Depuis le XIVe siècle, St. Christophe, dont la réputation de géant bon et secourable a été diffusée par la Légende Dorée de Jacopo da Varazze (1260), est vénéré comme protecteur contre la mort soudaine, secourant les voyageurs et pèlerins en difficulté. Son image surdimensionnée est peinte sur la façade extérieure de la chapelle pour être bien visible des fidèles.
2. Messe de St. Grégoire Pape
Grégoire Ier, dit le Grand (540-604), devint le 64e pape en 590. Il est l’un des quatre Pères de l’Eglise d’Occident, avec St Ambroise, St Augustin et St Jérôme.
C’est en son honneur que, deux siècles après sa mort, le chant messin fut appelé chant grégorien.
Le Pape, célébrant la Messe, effectue l’élévation de l’hostie. Le Christ émergeant du Sépulcre lui fait face ; le sang jaillit de ses côtes et remplit le calice sur l’autel. Un ange survole l’officiant.
Derrière l’autel s’élève la croix avec les symboles de la Passion.
3. St Georges terrassant le dragon
La légende de St Georges, martyre palestinien du IIIe siècle, s’est diffusée en Europe au XIe siècle, lors des Croisades ; il est connu comme protecteur des chevaliers et militaires. Dans sa Légende dorée, Jacopo da Varazze raconte que St Georges, à cheval, tua un dragon qui menaçait les habitants et la fille du roi de Lydda.
4. Les Saints Marthe, Marie-Madeleine et Lazare
Ces trois saints, vénérés et populaires, sont connus pour avoir respectivement fondé la vie monastique, porté les baumes utilisés pour le Christ lors de sa Passion et avoir été le premier évêque d’Aix-en-Provence ou de Chypre.
L’abside
La voûte de l’abside est décorée de l’image du Christ en majesté, placée dans une mandorle et entourée des symboles des quatre Evangélistes : le Christ bénit de la main droite et tient dans la main gauche un livre portant l’inscription Ego sum lux mundi (Je suis la lumière du monde).
Sur les parois de l’abside on note les images des douze Apôtres, par groupes de trois.
La légende de Sainte Marie-Madeleine
L’intrados du choeur porte les images de la vie de Sainte Marie-Madeleine racontée, en quatorze tableaux, selon la tradition de la Légende Dorée de Jacopo da Varazze, du XIIIe siècle.
1.+2. Trois frères et soeurs, Lazare, Marthe et Marie-Madeleine, chassés de Jérusalem, partent à bord d’un bateau et après un périlleux voyage, débarquent à Marseille.
3.+4 A Marseille, en collaboration avec Saint Maximin, évêque d’Aix-en-Provence, Marie-Madeleine convertit le prince païen et son épouse au christianisme et les persuade de se rendre à Rome pour rencontrer St Pierre, puis en Terre Sainte avec l’épouse enceinte.
5.+6. Pendant le voyage, la princesse et l’enfant meurent ; ils sont laissés sur une île déserte et le prince poursuit son voyage vers Rome et Jérusalem.
7.+8..A son retour de Terre Sainte, le prince retrouve sur l’île son épouse et son fils ressuscités. La famille au complet poursuit son voyage de retour vers Marseille où elle est accueillie par Sainte Marie-Madeleine.
9.+10. La sainte prend congé de Saint Maximin et de sa soeur Marthe. Elle se retire dans une grotte, près du Massif de la Sainte Baume.
11.+12. Après de longues années de vie en solitude, avant de mourir Sainte Marie-Madeleine demande à un moine d’appeler Saint Maximin ; averti par le moine, l’évêque se prépare à lui apporter les Sacrements.
13.+14. Sainte Marie-Madeleine reçoit les Sacrements de la main de Saint Maximin et son âme s’envole aux cieux. Puis, deux anges déposent le corps de la Sainte au tombeau en présence de Saint Maximin.