Arts | Religion | Suisse
Le catéchisme sur les murs/4Peintures médiévales d'églises : l'ancienne Principauté épiscopale de Bâle (Fürstbistum Basel)/1
Principauté épiscopale de Bâle (Fürstbistum Basel)/1
Brève histoire
L’ancienne Principauté épiscopale de Bâle comprend l’ensemble des terres jadis placées sous l’autorité temporelle de l’Eglise cathédrale Notre-Dame de Bâle. Cette entité géopolitique ne doit pas être confondue avec le Diocèse de Bâle, circonscription ecclésiastique dans laquelle l’évêque de cette ville exerçait sa juridiction spirituelle.
La fondation de la principauté épiscopale procéda par étapes. Vers la fin du Xe siècle, le religieux Adalbéron II devint évêque de Bâle. Son territoire ne comprenait à ce moment-là que la petite ville de Bâle, ainsi que quelques possessions le long de la rivière Birsig. Cette ville-Etat faisait partie du royaume de Haute-Bourgogne qui avait à sa tête le roi Conrad II. Au moment où Adalbéron devint évêque, la ville de Bâle portait encore les signes de sa destruction par les Hongrois, en 917.
Le changement se manifesta en 999, lorsque le roi de Bourgogne Rodolphe III donna à l’évêque Adalbéron l’Abbaye de Moutier-Grandval 1. Cette Abbaye prestigieuse, située dans la vallée de la Birse, avait été fondée en 640 par St Germain de Trèves, sur ordre de l’abbé de Luxeuil 2. Elle possédait de grandes étendues de terrain dans tout l’arc jurassien et contrôlait la route qui reliait Bâle à Genève et qui mettait en communication la Haute-Bourgogne avec la vallée du Rhône et le Sud.
L’année 999 est ainsi considérée comme l’année de naissance de la principauté épiscopale de Bâle, dont l’évêque devint seigneur territorial.
Après l’annexion en 1032 du royaume de Bourgogne par l’empire germanique, les évêques de Bâle se lièrent avec les souverains germaniques et obtinrent progressivement d’eux d’autres territoires qui furent intégrés à la principauté : Porrentruy, l’Ajoie, Bellelay 3, la vallée de la Birse, les Franches-Montagnes, Saint-Ursanne, Erguël, Orvin, la Montagne de Diesse, les villes de La Neuveville et de Bienne (cf. carte).
Au début du XIVe siècle, la principauté était à l’apogée de sa puissance : l’autorité princière de l’évêque de Bâle s’étendait sur des populations romanes et germaniques, et sur les terres de quatre diocèses : Bâle, Lausanne, Besançon et Constance.
Toutefois, en 1486, le puissant canton suisse de Berne, au Sud, réussit à établir un traité de combourgeosie avec la prévôté de Moutier-Grandval ce qui affaiblit l’autorité de l’évêque de Bâle.
En 1501 la ville de Bâle entra dans la Confédération helvétique et vingt ans plus tard, elle devint indépendante de l’évêque sur le plan politique. Le passage de Bâle à la Réforme protestante, en 1529, enleva à l’évêque l’autorité spirituelle sur la ville : il choisit alors de quitter Bâle et d’établir la capitale de la principauté à Porrentruy, dans l’actuel Jura suisse. Les régions méridionales de la principauté adoptèrent la Réforme et l’autorité épiscopale s’en trouva encore affaiblie.
C’est le prince-évêque Jean-Christophe Blarer de Wartensee qui, dès 1575, s’inspirant du Concile de Trente et de la Contre-Réforme catholique, réussit à rétablir la situation sur les plans religieux, politique et économique ; en 1579, il conclut une alliance avec les cantons suisses catholiques.
Avec le Traité de Westphalie (1648), mettant fin à la guerre de Trente ans, les voisins de la principauté changèrent. En Alsace la France succèda aux Habsbourg et la Suisse se sépara de l’Empire. En 1739, l’évêque, qui avait renoncé en 1735 à son alliance avec les cantons suisses, conclut une alliance avec la France.
Toutefois, en 1792, peu après le début de la Révolution, les troupes françaises occupèrent la principauté; l’évêque se réfugia à Constance et le 17.12.1972 un comité ad hoc proclama la République rauracienne, première république-soeur de la République française. La nouvelle république ne réussit toutefois pas à trouver son équilibre, ce qui induisit la France à occuper l’ancienne principauté et à la constituer, en mars 1793, en Département français du Mont Terrible 4.
En 1813, après les guerres napoléoniennes et la défaite de l’empereur, les troupes des coalisés entrèrent dans la principauté. Le 20.3.1815, le Congrès de Vienne rattacha la principauté à la Suisse, son territoire étant réparti entre les cantons de Berne et de Bâle.
Cet état de choses dura jusqu’en 1979, lorsque, à l’initiative des Jurassiens, par votation populaire les Suisses décidèrent la création d’un Canton du Jura. Cette votation offrit au peuple francophone de l’ancienne principauté le choix d’opter pour le nouveau canton ou pour le canton de Berne; l’histoire fit alors sentir son poids : le nouveau canton ne réunit que les territoires du Nord, à majorité catholique. Les territoire réformés du Sud restèrent avec le canton de Berne. La ville de Moutier vient toutefois de voter son rattachement au Jura.
Quant à la vallée de Laufon (Laufen), l’un des territoires germanophones de l’ancienne principauté, elle se rattacha au canton suisse de Bâle Campagne. Bienne et ses environs restèrent avec le canton de Berne.
1 L’Abbaye de Moutier-Grandval est aussi connue par sa Bible enluminée, réalisée vers 835 à l’abbaye Saint-Martin de Tours, déposée actuellement à la British Library, à Londres
2 L’Abbaye de Luxeuil, située dans les Vosges/France, avait été fondée en 590 par le moine irlandais Saint Colomban, évangélisateur et fondateur de monastères dans plusieurs pays d’Europe
3 L’Abbaye de Bellelay, aujourd’hui dans le Jura bernois, fut fondée en 1136 par le prévôt Siginand de l’Abbaye de Moutier-Grandval
4 Durant ses 800 ans d’existence, l’Evêché de Bâle réunit dans une seule entité étatique des populations parlant français et allemand, et professant deux religions différentes, la catholique et la protestante
Carte de la Principauté épiscopale de Bâle/Karte des Fürstbistums Basel
Avec les sites des églises étudiées/Mit den Standorten der vorgestellten Kirchen
Deux églises de la ville de Bâle
Cathédrale de Notre-Dame (Münster)
Construite pour l’essentiel en molasse rouge, comme les cathédrales de Strasbourg et de Freiburg/Bade, la cathédrale de Bâle possède des éléments architecturaux de styles roman tardif et gothique. Elle a été érigée sur une colline dominant le cours du Rhin occupée successivement par des populations du bronze ancien, puis celtes ; à l’époque romaine, la colline de Bâle était occupée par un castrum puissamment fortifié et à partir du VIIe siècle, sous la domination des Francs, par un évêché chrétien. Dès le IXe siècle, une église épiscopale y fut construite et à partir du XIe siècle, Bâle, qui avait acquis le statut de ville, fut entourée d’une enceinte défensive. La construction de la cathédrale de Notre-Dame s’étend de l’an 805 à 1500 : la première église était de style carolingien ; elle fut transformée ensuite selon le style roman et – après le grand tremblement de terre de 1356 – reconstruite en cathédrale gothique.
En 1529 fut proclamée à Bâle la Réforme protestante qui eut pour conséquence la destruction de nombreuses oeuvres d’art religieux (Bildersturm, iconoclasme) et d’importants travaux d’adaptation à l’intérieur du bâtiment.
Dans la crypte, partiellement détruite lors du tremblement de terre du XIVe siècle, on découvrit dans les années 70 du XXe siècle de belles peintures murales romanes représentant des épisodes de la vie de Marie, de Ste Anne, de la vie de Ste Marguerite et de l’évêque Saint Martin, ainsi que les portraits des évêques Adalbéron II et Lüthold d’Aarburg. D’autres fragments furent découverts en 1998. On ne connaît pas les auteurs de ces peintures dont le style rhénan est proche de celui des vitraux de Strasbourg.
Eglise des Saints Pierre et Paul (Peterskirche)
Le premier temple carolingien construit à l’emplacement de l’église actuelle date vraisemblablement des VIII-IXes siècles. Placée dans celle qui est devenue la partie aristocratique de la ville de Bâle, l’église de St Pierre a été intégrée dans la première enceinte fortifiée de 1080. Bâtie à l’origine en style roman, elle fut reconstruite en style gothique après les dégâts occasionnés par le grand tremblement de terre de 1356.
Jusqu’au XVIe siècle, les murs du temple étaient entièrement recouverts de peintures de diverses époques (de 1360 à 1523).
La Réforme protestante de 1529 priva l’église de nombreux objets d’art religieux détruits par les iconoclastes, les peintures murales étant recouvertes d’un enduit de chaux.
Leur redécouverte et restauration commença en 1828 et s’étendit jusqu’à 1989. Certaines parties peintes présentent deux, voire trois couches superposées. Lors de la restauration de 1939, les restaurateurs choisirent de sacrifier partiellement certaines peintures plus récentes au profit de plus anciennes.
Ces peintures se trouvent dans le corps central de l’église, les chapelles de Ste Marie et de St Martin, ainsi que la Sacristie des chapelains. Les peintures du choeur ne sont pas visibles.
1 commentaire