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Sikkim, Darjiling, impressions de l’Inde himalayenne/6Monastères sikkimois : Enchey et Ramtek, à Gangtok

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La série d’articles sur le Sikkim et Darjiling est composée de huit parties qui se présentent comme suit :

1) Sikkim et Darjiling, l’Inde himalayenne; brève histoire du Sikkim; galerie de photos

2) Brève histoire de Darjiling; galerie de photos

3) Brèves informations sur les religions des origines et le lamaïsme tibétains

4) Les monastères lamaïstes. Le monastère Yiga Choeling Ghum, à Darjiling

5) Monastères sikkimois : Sanghak Choeling et Pemayangtse, à Pelling

6) Monastères sikkimois : Enchey et Ramtek, à Gangtok

7) Monastères sikkimois : Tashiding; Yung Drung Kundrak Ling Bön

8) Lieux sacrés sikkimois : Chörten Do Drul, à Gangtok; Lac Khecheopalri


Monastère Enchey, à Gangtok (Sikkim oriental)

Fondé en 1840 par le Lama Drubthop Karpo, connu pour sa faculté de voler dans les airs; son nom sikkimois est Sang Nga Rab Ten Ling, ce qui veut dire « La place forte élevée ». Considéré comme un temple solitaire, lorsqu’il fut construit il était le seul bâtiment de l’endroit. Il a été reconstruit en 1908 par le dixième chogyal (roi) du Sikkim, Sikyang Tulku comme une adaptation artistique du monastère Gyanak Riwo Tse Nga ou Montagne sacrée aux cinq pics, au Tibet; ce monastère était consacré à Jampalyang ou Manjusri, que les bouddhistes du Nord considèrent comme le Bouddha de la connaissance transcendentale.

Enchey, qui appartient à la secte Niyngmapa, attire les gens spécialement en janvier, pendant les danses religieuses ou cham.

Depuis Enchey on a de belles vues sur les montagnes.


Peinture murale/1 : elle représente le dieu mineur de la richesse Dsam-ba-la ou Jambhala, l’un des avatars du dieu gardien du Nord, Nam-tö-srä ou Vaisravana; il porte dans sa main gauche une mangouste qui crache des bijoux.

Peinture murale/2 : elle représente l’un des dieux gardiens célestes qui protègent les cieux des attaques démoniaques; il s’agit du dieu gardien de l’Est Yul-kor-srun, roi des Dri-za ou Gandharva (anges).


 


 

Monastère Ramtek, à Gangtok 

Le monastère Ramtek, dont le nom vient d’un village lepcha, fut fondé en 1740 par le IXe Karmapa1 (1556-1603); invité à se rendre au Sikkim il dut décliner l’offre car il ne pouvait s’y rendre lui-même. Il envoya donc un représentant qui y établit trois monastères dont celui de Ramtek.

En 1955, dans la région de Kham au Tibet oriental, un conflit éclata entre la Chine et les Khampa; ce conflit se prolongeant et gagnant aussi le Tibet central, en 1959 le XVIe Karmapa, Gyalva Karmapa Ranjung Rigpé Dorjé s’exila au Bhoutan. Le chogyal (roi) du Sikkim l’ayant invité à s’établir dans son pays, où se trouvait déjà le monastère kagyupa de Ramtek, le Karmapa accepta et en 1960, avec l’aide financière de l’Inde et du Sikkim, il entreprit d’agrandir les constructions existantes selon les règles de l’architecture tibétaine traditionnelle. Les travaux du nouveau siège principal de la secte se terminèrent en 1966. Le nouveau monastère Ramtek, où on déposa les reliques apportées du Tibet, est une réplique du monastère Tsurphu au Tibet, siège originel de la secte Kagyupa, construit au XIe siècle.

Dans le nouveau monastère Ramtek, la secte établit l’Institut Karma Sri Nalanda pour les études bouddhiques supérieures, affilié à l’Université sanscrite Sampurnanda de Varanasi (Inde), qui délivre des diplômes post-grade en philosophie bouddhiste.

En 1981, après la mort du XVIe Karmapa, deux candidats se présentèrent à la succession : Trinley Thaye Dorjé et Orgyen Trinley Dorjé. Le second fut reconnu en 1992 par une partie des supérieurs de la secte, mais d’autres supérieurs reconnurent le premier. Le conflit s’envenima et on en arriva aux mains. L’armée indienne dut intervenir pour séparer les adversaires et elle est toujours présente dans l’enceinte du monastère.

Actuellement; ce sont les partisans d’Organe Trinley Dorjé qui occupent le monastère, Trinley Thaye Dorjé résidant à Kalimpong près de Darjiling, au Bengale occidental.

Relevons qu’au début de 1914, l’orientaliste et exploratrice française Alexandra David-Néel a séjourné un mois dans le monastère de Rumtek.


1 Après le Dalai Lama et le Panchen Lama, le Karmapa est également un grand lama du Tibet, chef de la secte Kagyu ou « Bonnets noirs ».



N.B.  Dans les monastères lamaïstes au Sikkim, à de rares exceptions près, il est interdit de photographier à l’intérieur.

 

Cosimo Nocera est historien et guide du Musée national de Bangkok. Il a vécu et travaillé en Italie, Suisse et en Amérique andine (Pérou, Equateur et Bolivie). Après un long séjour en Asie du Sud-Est, il vit actuellement en Suisse française.

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